ÉDITION : MICHEL LAFON. 312 PAGES. Je viens de finir Fidèle au poste de Amélie Antoine, des Éditions Michel Lafon. Enfin... Non, j'ai fini y a quelques heures à présent mais je ne pouvais détacher mon regard d'un point vide dans le décor. Il m'a fallu un temps de digestion avant d'être capable de coucher mon ressenti sur une chronique. Je ne sais même pas si je suis prête en ce moment même. Il m'est impossible de dire si j'ai aimé cette lecture ou non, tout ce que je sais, c'est que pour m'avoir retournée ainsi, elle vaut bien la note que je lui donnée Merci à Michel Lafon, particulièrement Camille pour l'envoi de ce Thriller que j'ai directement senti. Résumé : Mai 2013, Saint-Malo. Chloé et Gabriel forment un couple uni. Mais tout bascule lorsque Chloé disparaît brutalement. Gabriel tente alors de continuer à vivre, et il fait la rencontre d’Emma, une photographe venue s'installer dans la ville. Mais Chloé s'est-elle véritablement volatilisée ? Emma est-elle vraiment celle qu’elle semble être ? Et si la réalité n'était pas telle que le jeune veuf la voit ? Un roman à trois voix qui ne vous emmène jamais là où vous l’attendez... Mon avis : L'histoire est écrit en trois voix : Celle de Chloé, celle de Gabriel et celle d'Emma. Pour vous faire un bref résumé, au début du roman, Chloé se noie, laissant son mari dans un profond deuil. Celui-ci va faire la rencontre d'Emma qui est photographe dans un centre de paroles pour endeuillés. Pourtant, il ne cesse de sentir la présence de sa femme défunte. Un roman perturbant qui ne vous emmène jamais là où vous l'attendez.. Au commencement, c'est la narration de Chloé. Celle-ci se sent désolée, comme si on pouvait être coupable de sa propre mort... Enfin bref, c'est un début assez brusque, Amélie Antoine n'y va pas de main morte. Elle nous plonge directement dans son récit avec ses trois narrations toutes aussi différentes les unes que les autres. Les sentiments sont alors bien établis, nous enserrant dans un étau de malaise psychologique. A combien de reprises n'ai-je pas interrompu ma lecture pour digérer ce que je lisais ? Je n'ai même pas fait le compte ! L'intrigue est telle que morte, je me serais retournée dans ma tombe. Telle que mon cerveau à court-circuité, on voyait presque la fumée sortir par mes yeux et mes oreilles. Ce scénario aux premiers abords basique est une véritable claque en pleine figure et ce, à plusieurs reprises. Parce que oui, en plus de vous mener en bateau, l'auteure a aussi une capacité que je juge psychopathe de nous tirer très haut pour nous lâcher. Et on tombe, on tombe, durant la chute on est perdu. Puis une fois qu'on atteint le sol, l'impact nous change complètement et nous laisse sa cicatrice. Fidèle au poste est une grosse chute bien sentie. L'écriture d'Amélie Antoine est un vrai plaisir pour les yeux, une gourmandise. On en redemande encore et encore. J'ai adoré la finesse de ses phrases, les mots choisis et bien placés, le suspense qu'elle réussit à y intégrer. Sans trop de complexité, elle nous emmène très loin et il n'est pas facile pour un lecteur de retrouver son chemin après ça. Il existe, bien évidemment, des romans écrits avec plus de poésie, plus de dextérité mais je crois que c'est son premier roman, c'est logique et pardonnable. Si je n'avais pas fait tant d'arrêts de lecture, je me serais laissée emportée en quelques heures à peine. Je voulais juste déguster mon plaisir. Et puis, faut être fort psychologiquement pour dévorer tout d'un coup ! Par exemple, les funérailles m'ont rappelée celles de ma tante, décédée il y a quelques mois. Je me suis donc demandée si l'auteure avait, elle aussi, perdu un être cher. Je crois qu'on se pose tous ce genre de questions. Les personnages, j'ai carrément adoré. Ils se distinguent tous, surtout les trois protagonistes. Chacun a son caractère, sa façon d'être et même de s'habiller. Je trouve Chloé et Emma très ironiques, sarcastiques dans leurs narrations. On voit la part d'ombre et de lumière de chacune d'entre elles en les lisant, c'est impressionnant et j'ai dévoré ça. Quant à Gabriel, il est toujours resté le personnage le plus facile à cerner bien que sa narration soit à la troisième personne, non à la première. Enfin, je croyais cerner ce personnage mais comme dit plus haut, l'auteure sait comment nous surprendre. Même par ses personnages. Les thèmes travaillés dans le récit sont vus sous toutes les coutures, menés en détail. On voit qu'elle a dû passer du temps à bosser sur de telles caractéristiques pour le roman. Le deuil, la psychologie, les relations humaines... Tout ça est contrôlé et couché sur papier d'une façon magique. La fin, par contre, elle est poignante. Destructrice. Le pire truc qu'il peut arriver dans un livre, LE truc auquel on s'attend pas. Jusqu'aux dernières pages, le suspense d'Amélie Antoine nous tient en haleine, provoquant des nuits blanches (si on lit la nuit mais fort heureusement, ce n'est pas ce qui m'est arrivé!) et des réflexions intenses après lecture. Oui, troublée, je suis troublée, carrément perdue dans les abysses de mes pensées. Comment un livre peut autant marquer les esprits ? Comment ça peut faire déprimer autant, nous surprendre d'une telle façon ? Non parce que là, je me pose des questions. Serait-ce un pouvoir magique ? Je veux le même pour mes romans, s'il vous plaît. C'est quelque chose de OUF. Grosso modo, si vous aimez les Thrillers psychologiques (pas spécialement policiers) avec de bons personnages bien dosés, une intrigue bien menée et qui tient la route, lisez Fidèle au poste ! IL VOUS LAISSERA SUR LE TROUBADOUR. Chloé Bien sûr, je n'ai jamais imaginé qu'on en arriverait là. Tout ce que je voulais, c'était une vie un peu au-dessus de celle des autres, un peu plus précieuse, un peu plus lumineuse. Ce n'est pas ce dont on rêve tous ? Gabriel Finalement, on croit connaître les autres, mais ce n'est qu'une illusion. Et on croit se connaître soi-même, alors qu'à chaque instant, selon les circonstances, selon les personnes qu'on a en face de soi, on est quelqu'un d'autre. Emma À un moment, la situation m'a échappé, alors que je pensais tout maîtriser. J'ai cru que l'ambition était l'unique moteur valable dans la vie, mais j'ai découvert à quel point je me trompais.
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