ÉDITION : MICHEL LAFON. 262 PAGES. Transférés est un roman qui me fait de l’œil depuis l'annonce de sa sortie. Il est l'un des ouvrages de la maison d'édition que j'attendais avec impatience (et on se doute que les autres sont Inaccessibles, tome 1 et Zodiaque, tome 3). Il s'avère que ce roman dystopique est une belle découverte. Ma seule déception est qu'il soit trop court ! Je remercie sincèrement les éditions Michel Lafon pour leur confiance. J'ai passé un très beau moment en compagnie de Caprices de Xiou. Le roman se déroule dans un futur proche, là où la moindre maladie est transférée aux criminels. Vous avez un petit rhume ? Pas de soucis ! Vous allez à l'hôpital et le transfert vous libérera de ces affreux microbes... pour les refiler à un(e) délinquant(e) ! Talia, dont le père se présente aux élections présidentielles de Londres, trouve ça tout à fait banal jusqu'au jour où elle sauve la vie d'une petite fille et qu'elle rencontre Galien. Sa vision du monde et des places définies vont changer radicalement. L'intrigue du roman m'a directement happée ; il est difficile de s'en défaire. La mise en situation est rapide, claire et concise. L'héroïne raconte l'histoire selon son point de vue, ce qui est subjectif, mais on ne peut s'empêcher d'être intrigués. Un transfert de maladies ? C'est tordu, très tordu ! Et pourtant, je suis sûre, certains y ont déjà pensé. Qui nous dit que ça n'existera pas un jour ? C'est tellement détraqué que ça le pourrait, surtout quand on voit que Trump est au pouvoir aux USA (petite blagounette bien nulle, même si j'avoue que ça m'effraie). Bref, ce roman évoque une totale injustice implicitement et on a l'impression que dans le livre, tout le monde trouve ça normal. La maladie égale criminels, criminels égale pauvreté, pauvreté égale vies misérables, et vies misérables égale révolution. Une vraie dystopie de A à Z. On fait croire que tout va bien, que tout est parfait, mais derrière cette beauté artificielle, se cachent les déchets d'une société qui n'a rien d'une utopie. Nous faisons face, à nouveau, à la parole des riches contre celle des pauvres ; ce qui a toujours été le cas, on ne va pas se mentir. Cela dénonce bien la cruauté de l'Homme puisqu'il y a de l'argent et de la place sur Terre pour que tout le monde soit aisé. C'est juste qu'il existe et qu'il existera toujours des égoïstes. Ce roman donne vraiment une bonne leçon quant à notre société actuelle, il s'y rapproche d'une façon déstabilisante. De plus, il fait apparaître un côté politique appréciable, car pour beaucoup, c'est un sujet très important, bien que tabou. Dans ce cas-ci, c'est l'un des deux poumons de l'histoire, l'autre étant la problématique des Transferts. C'est comme si l'Homme déjouait quelque chose de bon au départ, car ça soigne les gens, pour en faire quelque chose d'offensif... Le schéma habituel, quoi. Durant ma lecture, j'ai remarqué plus d'une fois qu'elle était addictive. En effet, j'avais lu la première moitié (qui était le palier de la lecture commune) d'une traite. Si, par la suite, je ne m'étais pas interrompue pour diverses raisons, j'aurais pu carrément le finir d'un coup sec. C'est vraiment très prenant. L'auteure a l'art de nous empêtrer dans des situations rocambolesques aux côtés de Talia, de nous faire frissonner, rendre curieux, attentifs, tristes, dégoûtés... C'est un ascenseur émotionnel. Juste une seule déception : la rapidité. Le roman est presque parfait, si ce n'est qu'il aurait pu être davantage développé et approfondi. Dans le cas présent, il est court, alors que la belle plume de l'auteure aurait suffi à élargir l'univers. Pas le perdurer pour le plaisir, mais au moins pour que je puisse me sentir plus fusionnelle avec l'ambiance, les lieux, les personnages... Peut-être un peu plus de descriptions ? D'émotions ? Je ne sais pas dire ce qui manquait. Mais quelque chose n'était pas au rendez-vous... Malgré tout, je peux vous dire que c'est un livre très bien écrit qui mérite d'être lu ! Ce que j'ai vraiment adoré, c'est l'évolution de Talia. Depuis le début, elle est gentille, douce, mais maladroite. Elle n'est pas mauvaise du tout, bien que même en faisant de son mieux, elle commet quelques gaffes. C'est beau car elle s'en rend compte d'elle-même, elle affirme avoir mal agi quand il le faut, et continue de faire ce qu'elle peut. Elle se remet en question. Son père, qu'elle adore plus que tout au monde, elle le remet en question aussi. La scène du sauvetage, puis sa rencontre avec Galien, vont changer sa manière de penser. Elle sera plus sensible aux gens, plus attentive. Les défauts de la société lui apparaîtront comme une évidence, et elle ne pourra plus les ignorer. Talia devient une femme au fur et à mesure de cette lecture. À la fin, elle sait ce qu'elle veut et se battra au péril de sa vie pour ça. Sa détermination et son envie de sauver le monde, malgré ses défauts, font d'elle un personnage explosif. Alors, même si elle fait souffler à certains moments, elle reste une bonne héroïne que j'aime bien ! Concernant Galien, je me rappelle avoir dit à Caprices de Xiou : « C'est original, il est noir, et une sorte de romance s'installe. On voit rarement des gens de couleur, donc ça change ! ». Bon après, ça dépend ce qu'on lit, mais soit. Ma chère et tendre amie m'a répondu quelque chose qui m'a fait fort réfléchir : « Ouaip, il est noir ET criminel. Ce n'est pas très original, ça par contre, c'est même cliché ! ». Ah ouais, vu comme ça... Elle n'a pas tort ! Et c'est bien que j'ai pu en discuter avec elle, car j'ai vu les choses sous un autre angle. Donc, oui, le fait d'utiliser un personnage de couleur est original. Non, la façon dont il est présenté ne l'est malheureusement pas. Néanmoins, comme je disais, j'ai bien aimé la romance qui se crée. Le père de Talia est un personnage que l'on arrive pas à détester, bien qu'il soit fermé d'esprit. Une expérience de sa vie traumatisante le rend à ce point aveugle et désespéré, ce qui me fait de la peine. Il serait difficile de lui faire mal sans ressentir le moindre remord... La complicité qu'il nourrit avec sa fille, Talia, est vraiment belle. En ce qui concerne les autres personnages, je n'ai pas d'avis très précis sur eux. Comme je disais, le roman est court, je n'ai pas réussi à me faire une opinion sur tout le monde ! Le final du livre est chouette, mais étrange. Sachant que c'est un one-shot, je crois, ce genre de conclusion m'a abasourdie On dirait le cliffhanger d'un épisode de série ! Moi qui adore les fins ouvertes, je suis servie. Mais frustrée ! J'avais besoin de plus que ça, c'est dommage... Cela s'est terminé trop vite pour ma part. Néanmoins, le dénouement reste bon ; logique mais idéalisé. En tournant la dernière page, on se dit que l'auteure a quand même bien fait d'écrire cet ouvrage. Il fait passer de beaux messages d'amour, paternel et autre, d'amitié, de politique et d'idées dites ingénieuses. Il nous met face à un miroir qui reflète notre humanité actuelle. Grosso modo, Transférés est un bon roman dystopique young adult de science-fiction comme je les aime, écrit avec fluidité. De sa politique presque identique à notre quotidien actuel, des leçons en ressortent, attisant notre réflexion au maximum. Les personnages principaux sont profonds et attachants, obligés de survivre dans un monde régit par la loi du plus riche et du plus vicieux. Les vrais criminels ne se cachent peut-être pas là où on le croit... CHRONIQUES PARTENAIRES :
4 Commentaires
24/4/2017 20:43:36
Wouaw! Quelle belle chronique! :)
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Papillon Voyageur
25/4/2017 15:59:31
Merci beaucoup, je suis heureuse qu'elle te plaise.
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20/5/2017 00:52:40
Ah oui on n'a pas du tout le même avis xD Pour ma part, c'était une lecture ennuyante et trop peu approfondie (pour résumer !)...
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Papillon Voyageur
20/5/2017 01:01:04
Je suis d'accord que ça aurait pu être mieux approfondi mais ce qu'on nous a déjà donné était pas mal maîtrisé. C'est sûr que ça manque d'action mais comme ça se base beaucoup sur la politique.. xD
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