ÉDITION : MICHEL LAFON. 425 PAGES. Olivier Norek n’est pas un nom qui m’est inconnu. Il y a de cela quelques années, je découvrais Surtensions, écrit par cet auteur talentueux. Un véritable coup de cœur, je l’avais même chroniqué. Du coup, j’ai acheté tous ses livres, et mon amie L-A Braun (une autrice géniale) m’avait offert Entre deux mondes. Je dois encore les lire… En attendant, il me paraissait normal de demander à lire Surface. Comme j’avais reçu les épreuves non corrigées, je suis allée en librairie acheter la version éditée, pour le plaisir d’avoir ce beau bébé en mains avec la magnifique couverture. Aucun regret. Ce roman aussi est un gros coup de cœur ! Le King Norek a encore frappé (moins fort qu’avec Surtensions, mais quand même…!). Je remercie Michel Lafon, malgré tout, pour l’envoi de la version non corrigée que je garde en souvenir. Résumé : Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture. Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier... Comment se reconstruire dans de telles conditions ? Mais voilà que soudain, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans plus tôt, enfermé dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier... Mon avis : J’étais à fond dans une envie fulgurante de lire du thriller, du polar, du policier, bref sortir de l’imaginaire. Alors, forcément, en pleines vacances en Espagne, mon réflexe a été de lire Surface ! Je vais vous parler du début, parce qu’il m’a émue. Je trouve qu’Olivier Norek a l’art d’entamer parfaitement un roman, avec le prologue adéquat et les mots justes. Il nous fait entrer en quelques secondes dans une nouvelle histoire, sans difficulté, le tout avec une brusquerie intense. Dans ce récit, on peut dire que le début tape dans un sujet très tabou dans la police : « les gueules cassées », comme on les appelait au temps de la Guerre. Et, à l’instar de cette période, ces personnes sont souvent mises de côté, repoussées pour ne pas « déranger ». Ce que j’ai adoré, avec le début du roman, c’est qu’Olivier Norek nous a montré différentes réactions en se servant de multiples personnages. Des bonnes réactions, comme des mauvaises, ainsi que l’attitude de son personnage face à cela. C’est clairement le début de l’intrigue, mais pas encore de l’enquête de Noémie. Avant d’entamer le côté policier, l’auteur nous plonge dans un aspect psychologique, creusant ainsi dès le début sa protagoniste et son entourage. De nouveaux personnages, une quête personnelle puis d’anciens cadavres, des secrets enfouis et déterrés… Noémie pensait s’embêter à Avalone. Elle ne savait probablement pas que son destin dépendait du bon vouloir d’Olivier Norek, un écrivain aussi sadique qu’incroyable. Le scénario alterne entre la reconstruction psychologique chez Noémie, à défaut d’une amélioration physique, et une enquête sans queue ni tête, où tout paraît décousu de prime abord. En effet, il s’agit là d’un véritable casse-tête, tellement c’est complexe et très creusé. Encore une fois, cet auteur m’épate ! Contrairement à Surtensions, dans cette histoire, nous ne sommes pas du côté des « criminels », nous ne suivons pas une enquête à « double-vue », mais à une seule : celle de Noémie. Une femme brisée. Une enquête compliquée. Moi qui suis un poil perspicace, je vous avoue que j’en ai eu le souffle coupé, tant le King Norek mène bien sa barque. Une belle pépite qui se dévore.
Si l’aspect scénario connaît une structure maîtrisée à la perfection, je peux vous assurer que la plume, elle aussi, ne laisse pas indifférent. En effet, l’auteur utilise des termes spécifiques à chaque sujet (police, plongée, etc) mais sans jamais nous perdre une seule seconde. Si quelque chose ne paraît pas clair à première vue, tout est expliqué dans la phrase qui suit, avec fluidité et naturel. Lorsqu’on lit, on sent que l’auteur s’est renseigné, il connaît son sujet, ce qui nous plonge littéralement dans son livre, sous la surface de mots simples et complexes à la fois. Ce que j’aime, aussi, c’est son écriture à la fois cassante et travaillée, sèche et prenante. Il y a dans les textes d’Olivier Norek cette consistance douce-amère, vacillant entre la spontanéité et la réflexion. Les pages défilent et se dévorent sans aucune modération. Même si j’ai un peu parlé de Noémie, plus haut, le moment est venu de donner mon avis sur les personnages de cette histoire. Il y en a tellement que c’est difficile pour moi de rassembler mes idées sur tout le monde – d’autant plus que la richesse de ce roman est de découvrir les personnages en lisant. Alors, je resterai sur Noémie, la protagoniste, parce que même si je parle d’elle ici, vous en apprendrez encore durant votre lecture. Personnellement, j’ai trouvé cette héroïne très forte. Elle a survécu à un accident quand même conséquent, puis a subi de multiples injustices. Même si l’on sent qu’elle souffre de tout ça, de l’abandon de ses collègues, de certains proches, elle se forge une carapace dure et intouchable. Seul son psy la voit telle qu’elle était avant et telle qu’elle devient dans son présent. Enfin, le psy et les lecteurs. Face aux autres, elle se ferme comme une huître, perd beaucoup confiance en elle, mais petit à petit, ce roman prend des allures de quête personnelle. Noémie change, évolue, se casse la figure, se relève, elle se frustre avec son enquête. Elle est vraiment très humaine. Et le plus dingue dans tout ça ? C’est qu’elle paraît si vivante et si cohérente que l’on oublie que l’auteur est un homme. On a carrément l’impression que la vraie Noémie Chastain nous raconte son histoire. Pour moi, ce n’est pas une fille brisée, mais une femme forte, une personne qui mérite le même amour qu’elle avait avant. Par le biais de Noémie, Olivier Norek révèle des choses tellement vraies sur notre société, les vérités éclatent au grand jour… Qui ne détourne pas la tête à la vue d’une personne abîmée ? Un visage défiguré, une jambe en moins, un front défoncé, et j’en passe ? Qui ne se sent pas gêné en la présence de quelqu’un de cassé comme Noémie ? C’est plus fort que nous. L’humain est habitué à voir deux bras, deux jambes, un visage lisse : un certain schéma. Et quand on s’en écarte ? Ça dérange. Malgré nous. Malgré les autres. Est-ce pour autant que ces personnes ne méritent pas d’être aimés, avant tout par eux-mêmes ? Comment cela pourrait-il être possible alors qu’ils sont sans cesse confrontés à des mines dégoûtées ? Noémie Chastain, c’est le genre de femme que je voudrais être malgré ses blessures, ses peines, son accident. Parce que c’est une personne authentique, réaliste et terriblement humaine. De peur de vous spoiler, je ne m’étalerai pas mais… la fin nom d’une brouette rose ! J’en suis encore toute retournée. Mon estomac s’est contracté, à mesure que je découvrais le fin mot de toute cette histoire. Et quand l’on pense qu’Olivier Norek a fini avec ses révélations, voilà qu’il martyrise une dernière fois notre petit cœur meurtri. Un final parfait pour une enquête menée d’une main de maître. Le King Norek a encore (bien) frappé ! Avec moins de force et de sadisme que dans Surtensions, mais toujours avec intensité et émotions. Je n’ai pas pleuré face à cette lecture, mais cette histoire triste a gravé ma mémoire. Grosso modo, Surface est un roman psychologique, avant de voir son intrigue prendre une direction policière. Par son écriture fluide et directe, l’auteur nous emmène à Avalone, aux côtés d’une femme courageuse et prête à tout pour résoudre une enquête difficile. C’est un récit haletant qui nous prend par les sentiments et ne nous lâche pas tout du long de notre lecture. Un récit dans lequel on apprend, on réfléchit, on s’émeut. Des cadavres déterrés, des secrets enfouis, des révélations inattendues… Pour apprendre à s’aimer et comprendre cette enquête, il faut aller au-delà de ce que nous sommes et de ce que nous pensons. Creuser. Plonger. Percer la surface et ouvrir les yeux ce qui se trouvent dessous. Un vrai coup de cœur que je recommande aux amateurs du genre !
13 Commentaires
Vampilou
25/6/2019 22:39:50
Je ne suis pas forcément une grande fan de thriller, j'ai souvent peur que ce soit trop gore, mais c'est un auteur que l'on m'a vivement conseillé et je vois que tu n'es pas en reste !
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27/6/2019 02:27:04
Franchement, si tu n'es pas une grande fan de gore, tu vas fort apprécier ! Olivier Norek ne fait absolument pas dans le trash, il est surtout très technique et dévoile beaucoup de vérités sur le métier de la police, comme il travaille dans le milieu judiciaire et carcéral français (bref il est flic lol). Franchement, il est terriiiiible !
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26/6/2019 06:50:18
Je n'ai encore jamais lu cet auteur, mais je me laisserais bien tenter après ton avis :)
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27/6/2019 02:28:36
Si tu souhaites commencer par cet auteur, je te conseillerais sa trilogie Victor Coste : Code 93, Territoires et Surtensions. Je n'ai lu que Surtensiosn (et j'ai tout compris) mais ces trois-là se suivent. Ou alors, si tu veux tester avec un one-shot, bah celui-ci pourrait te plaire. Celui qui m'a le plus choquée a été Surtensions mais celui-ci est magnifiquement rédigé, porteur de messages et d'espoir et vraiment étonnant. Tu devrais bien aimer ! :D
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lheuredelire
26/6/2019 17:43:37
J'ai très envie de le lire ! peut-être tout bientôt :D
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26/6/2019 18:23:29
Ma chère Ali...
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27/6/2019 02:29:52
Ma chère Pauline...
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28/6/2019 10:29:09
En tant que grande fan de thrillers, je ne peux que noter ce titre ! Merci pour ton retour enthousiasmant !
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7/7/2019 22:13:43
Hello ! Si tu aimes les thrillers, tu ne peux qu'adorer ce titre. Merci pour ton commentaire ! ♥
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7/7/2019 22:14:38
Oooh merci pour ce compliment, ça me touche beaucoup ! J'essaie de l'être sans que cela en devienne trop barbant...
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