ÉDITION : ASTUSF (NAOS). 261 PAGES. Dans le cadre de mon cours de Littérature Contemporaine, j’ai découvert la plume de Katia Lanero Zamora et je ne le regrette pas du tout. Au-delà du fait que ce roman a été un véritable coup de cœur, il m’a été possible de rencontrer l’autrice avec ma classe. Un article sur cette rencontre sera bientôt disponible sur le blog ! En attendant, je vais tenter de vous expliquer pourquoi ce livre est une pépite. Résumé : Amaryllis, 16 ans, n'a jamais connu que la maison où elle est née, le domaine d'Esver, reculé, magnifique, mystérieux. Dans ce manoir où elle vit seule avec sa mère, elle étudie la botanique avec l'espoir d'en faire son métier, malgré des nuits hantées par de drôles de rêves... Le jour où elles reçoivent une lettre du père annonçant la vente du domaine et le mariage de force d'Amaryllis à un de ses associés, tout bascule. Derrière les portes fermées d'Esver, la jeune fille trouvera-t-elle de quoi échapper à son destin ? Mon avis : Au début de ma lecture, j’avais la sensation que l’histoire tournait en rond, les jours d’Amaryllis étaient répétitifs, teintés de monotonie ; c’était parfois lourd à lire, même si l’autrice dose ses descriptions avec beaucoup de maîtrise. Plusieurs fois, je me demandais où elle comptait nous emmener, vers quoi on se dirigeait. À ce moment-là, je trouvais le roman sympathique, mais sans plus. Il manquait quelque chose, sans que je ne puisse mettre les mots dessus. Vers la moitié de l’ouvrage, un élément perturbe l’histoire, mais également le lecteur. C’est là que le roman s’accélère, qu’il prend une toute autre dimension, tout en continuant à nous napper de son mystère omniprésent. Dès lors, je ne pouvais plus m’arrêter de lire, je comprenais la longueur du début, les raisons de sa lenteur, toute la mise en place de Katia Lanero Zamora. Tout avait un sens. Absolument tout. Lorsque l’on comprend toute la finesse qui en découle, on dévore les pages, les mots, on se retrouve sous tension, on s’inquiète pour les personnages, parce que nous les comprenons enfin. Nous mesurons l’ampleur de la situation, l’intrigue s’est ficelée fort et à notre insu, jusqu’à devenir capable de nous étreindre à l’infini sans nous permettre de relâcher la pression. Le souffle coupé et le cœur battant, nous n’éprouvons plus qu’une envie : savoir comment finira cette descente aux Enfers. Ce roman a tout du genre Young Adult : la protagoniste adolescente, sa quête initiatique et personnelle, l’entremêlement de ses pensées, parfois contraires, parfois dénuées de sens, mais toujours crédibles et ancrées dans un contexte particulier. Il s’agit, pour les amateurs du genre, d’un ouvrage atypique qui joue divinement bien avec la frontière du genre fantastique et de la psychologie. Il n’est pas question de rêve ou de réalité, mais d’influences oniriques nées d’un trouble psychique puissant, le tout enrobé d’une dimension gothique très appréciable.
Côté scénario, le début m’avait semblé long, mais s’il y a une chose dont j’ai été amoureuse dès le début, c’est bien la plume de Katia Lanero Zamora. Lorsque j’ai commencé son ouvrage, lu les premières lignes de cette histoire profondes, j’ai senti un style maîtrisé par l’autrice, duquel découle une véritable fluidité qui rend le texte accessible à tous. Les phrases se lisent toutes seules, immersives au point de donner l’impression d’entrer dans le Manoir d’Esver, aux côtés d’Amaryllis et sa mère. Elle emploie tantôt des figures de style, tantôt une écriture directe et sans tact, toujours teintée d’un peu de poésie. Je ne saurais décrire parfaitement sa façon d’écrire, mais je sais que j’ai été marquée par la façon que l’autrice a de nous narrer une histoire. De plus, on sent une véritable recherche sur la botanique derrière cette histoire, mais jamais un terme ne nous perd ou ne nous sort du récit ; Katia Lanero Zamora l’explique ou fait en sorte que nous le comprenions sans effort. Un vrai texte naturel dans lequel on plonge avec une facilité déconcertante ! Dans cet ouvrage, il y a plusieurs personnages, ainsi qu’une certaine dualité instaurée parmi ces intervenants. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas spoiler, mais je vais au moins vous parler de Amaryllis et de sa mère Gersande. Nous avons affaire à une véritable confrontation mère/fille, néanmoins bercée par un amour maternel très fort. Amaryllis est une jeune fille malade qui rêve de quitter son domaine, de voyager, elle rêve d’une vie en-dehors des murs de son Manoir, mais d’un autre côté, elle y trouve son confort et baigne dans une certaine sécurité dont elle n’espère pas se séparer au fond d’elle. J’ai bien aimé suivre ses pensées, son désir d’émancipation, l’évolution qu’elle subit, mais aussi sa façon de réagir aux révélations qui la frappent en plein visage. J’ai eu la sensation d’observer un oiseau éclore de son œuf : d’abord faible et incapable de voler, il combat des obstacles, fonce vers le vide… et prend son envol. Un personnage fort bien construit et réfléchi. De son côté, Gersande se montre austère, désagréable, froide. Au début, je me suis dit « mais c’est quoi cette mère ? ». Bien entendu, tout prend un sens, sa personnalité nous révèle des cicatrices bien plus profondes que ce qu’elle laisse paraître. Même si elle réagit étrangement avec sa fille (projection de ses envies sur Amaryllis, obsession pour la botanique et les études de sa fille, etc), on sent derrière qu’elle a envie de voir sa fille réussir où elle a échoué, qu’elle l’aime et qu’elle veut son bonheur (même si elle est aveuglée par les séquelles laissées par son passé). Au final, j’ai aimé et pas aimé Gersande, c’est une femme très complexe, il m’est difficile de me situer sur elle. Mais j’ai vraiment adoré sa construction, et son passé m’attriste énormément. Dans tous les cas, Amaryllis et Gersande présentent toutes les deux différentes facettes dans leur personnalité, dont une certaine dualité qui ressort très fort du texte lorsque l’on a fini le livre. Je vous laisse les découvrir. Je tire mon chapeau à cette autrice de talent qu’est Katia Lanero Zamora, parce que créer des personnages aussi attachants, comme s’ils étaient vivants et ressortaient du livre n’est pas aussi facile qu’on le croit. Difficile de vous parler du final de cette histoire sans en dévoiler trop. Je peux juste vous informer que c’est une fin douce-amère, absolument cohérente et logique avec ce que l’autrice a placé. Un peu avant la conclusion du roman, il est difficile d’essayer d’anticiper la façon dont la boucle est bouclée, mais lorsque nous y sommes, un sentiment de légèreté s’empare de nous, parce que peu importe que la fin soit triste ou heureuse (selon les interprétations), on y voit là une bonne conclusion ; une vraie fin. C’est là qu’on souffle, qu’on referme le roman, et qu’on se dit : « Pouah ! ». Grosso modo, Les Ombres d’Esver est un roman de fantastique young adult qui frôle la psychologie humaine, tout en se nappant d’une dimension gothique particulière. Une ambiance atypique plane au-dessus de ce récit, dans lequel on observe, impuissant, à une descente aux Enfers impitoyable. Des valeurs y sont véhiculées, et c’est en lisant ce roman que l’on découvre leurs subtilités. Malgré un début lent et parfois rébarbatif, le scénario s’intensifie vers la moitié de l’histoire, et ce commencement épineux prend tout son sens. On ne peut rester indifférent à la plume accessible de Katia Lanero Zamora, empreinte de fluidité et très descriptive, sans pour autant surcharger d’informations. En ce qui me concerne, ce livre est un énorme coup de cœur, alors si vous aviez un doute… oubliez-le et foncez ! On ne ressort pas indemne du Manoir d’Esver.
8 Commentaires
27/12/2019 14:21:43
J'avoue que je garde un bon souvenir de ma lecture. Elle ne m'a peut être pas touchée autant que toi mais le contenu reste très bon. La plume reste aussi un point fort de ma découverte.
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27/12/2019 23:53:25
Oh bah après ça dépend des personnes, du moment où il est lu, etc. Au moins tu en gardes un bon souvenir !
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Oh mais c'est génial de pouvoir faire ce genre de rencontre littéraire dans le cadre des cours. Cela a vraiment du être un moment génial, surtout vu la façon dont tu parles de ce livre :3
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27/12/2019 23:54:18
Ouep, c'était génial, j'adore mon école ! :D
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Vampilou
27/12/2019 17:48:33
Ah, je ne vois que de beaux avis sur ce roman et autant dire que ton coup de coeur ne m'aide pas, il a l'air sublime !
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