ÉDITION : LE LIVRE DE POCHE. 308 PAGES. Je continue sur ma lancée livresque sortant des sentiers connus pour moi – c’est-à-dire, sortant de ce qui touche la SFFF dans toute sa splendeur – avec un retour sur une lecture « plaisir » de ce début d’été, j’ai nommé : La Chambre des Merveilles, par Julien Sandrel. Je connaissais cet ouvrage de nom depuis longtemps. Pour l’anecdote, on se rendait au restaurant avec ma famille, seulement mes parents avaient un truc à faire avant (et ça a pris bien 2h). Ayant oublié ma lecture en cours chez moi, je suis passée à la librairie de notre ville pour voir ce qu’il y avait dans le format poche, avant de tomber sur ce livre. Je l’ai pris – et j’ai bien fait, car j’étais quasi à la moitié quand on est arrivés au resto et l’ai terminé le lendemain. Il s’agit, comme vous vous en doutez bien, d’une claque, d’un gros coup de cœur ! Résumé : Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu’il veut confier à sa mère, Thelma, qu’il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu’elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet. Le pronostic est sombre. Dans quatre semaines, s’il n’y a pas d’amélioration, il faudra débrancher le respirateur de Louis. En rentrant de l’hôpital, désespérée, Thelma trouve un carnet sous le matelas de son fils. À l’intérieur, il a dressé la liste de toutes ses « merveilles », c’est-à-dire les expériences qu’il aimerait vivre au cours de sa vie. Thelma prend une décision : page après page, ces merveilles, elle va les accomplir à sa place. Si Louis entend ses aventures, il verra combien la vie est belle. Peut–être que ça l’aidera à revenir. Et si dans quatre semaines Louis doit mourir, à travers elle il aura vécu la vie dont il rêvait. Mais il n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado, quand on a presque quarante ans… Mon avis : Je me rends compte que j’aime de plus en plus les romans contemporains, encore plus suite à cette découverte. Habituée à lire de la SFFF, je ne jurais que par ça, sans me rendre compte que je passais à côté de plein de romans merveilleux, tels que celui-ci. Plus j’évolue dans ma vie personnelle, plus je comprends que j’ai besoin de fraîcheur avec des livres de ce style-là. Comme vous vous en doutez, La chambre des merveilles est, à mes yeux, une petite pépite qui, malgré les thèmes abordés, m’a rafraîchie niveau lecture.
Concernant l’histoire, c’est simple : on suit Thelma à travers les rêves de son fils Louis qui, de son « vivant » écrivait dans un carnet ses rêves, ses envies, ses objectifs. C’était un garçon dynamique, avec des valeurs et des envies inhérentes à son jeune âge d’adolescent. Cette façon d’aborder le moment présent m’a émue. Julien Sandrel nous présente un ouvrage que je pourrais qualifier de développement personnel, bien qu’il y présente une histoire de fiction. Avec un scénario simple de prime abord, il a construit une véritable réflexion autour de diverses sujets importants. Pour commencer, le manque de temps n’est pas un vrai manque de temps parce qu’on a le temps qu’on se donne ; nous choisissons la manière dont nous le fragmentons. Si certaines personnes manquent véritablement de temps – car ça arrive –, ça reste toutefois toujours un choix : un choix de carrière, un choix social, un choix personnel (avant tout !). Thelma a choisi de se détacher de sa mère, a choisi d’élever son enfant seule, a choisi de se spécialiser dans sa carrière, probablement pour combler un manque, panser une blessure du passé. Le coma de ton fils remet tout en perspective. Ensuite, vient ce magnifique aspect qu’est le moment présent. Julien Sandrel parvient avec des mots juste, dénués de jugement et empreint d’une subjectivité propre à son personnage, de mettre en avant un point élément qu’on nie beaucoup trop lorsque l’on vit : on en oublie de vivre vraiment. On court après le temps, après les appels importants, on se précipite pour sauter dans le train à temps, sans nous regarder avec bienveillance, sans nous laisser du répit, sans nous poser et nous demander : mais en fait, pourquoi je me bats ? L’auteur nous explique avec de la couleur, de la nuance et une alternance de points de vue entre Thelma et Louis que la meilleure personne pour qui nous devons nous battre, c’est nous-même. En réalisant les rêves de son fils, un par un, Thelma connaît une véritable évolution sur le plan émotionnel, personnel et social. Son évolution donne envie de nous battre pour notre bonheur, ainsi que ceux qu’on aime. Un autre aspect que j’ai adoré dans cette histoire est l’insertion de l’amour sous toutes ses formes. Il n’existe pas que l’amour sentimental, surtout pour se sortir d’une mauvaise passe. Il existe l’amour d’un frère ou d’une sœur, d’un père ou d’une mère, et de son enfant, l’amour qu’on n’a pas eu et qu’on espérait de tout cœur avoir, l’amour escroc qui nous fait mal mais qui nous permet de grandir, l’amour d’amis ou encore d’inconnus. Mais surtout… l’amour de soi. Julien Sandrel aborde l’amour sous des tas de formes, ce qui rend ce bébé de 308 pages encore plus magique qu’il l’est au départ. Je n’ai pas pleuré en lisant La chambre des merveilles, mais j’aurais pu. Mon ventre s’est plusieurs fois noué, des frissons ont parcouru mon échine suite à des mots, des pensées, des situations. Avec cette sensation de se retrouver au cœur de l’histoire de Thelma et de Louis, que j’ai trouvé touchants. Mais il n’y a pas qu’eux. D’autres personnages gravitent autour de Thelma durant cette aventure aussi belle que triste, et chacun d’eux passe par plusieurs étape du deuil, de la guérison. Les émotions sont au cœur du récit. Nul besoin de descriptions travaillées, de dialogues travaillés ; tout coulait parfaitement, naturellement, et c’est en 1 jour et demi que j’ai dévoré cette merveille. Tourner la page m’a fait l’effet d’une claque. D’une véritable claque. Je n’ai qu’une envie : revivre cette histoire, la recommencer à zéro. De ce que je sais, un film est prévu, et je l’attends avec impatience. Julien Sandrel a su toucher mon cœur, ma sensibilité. Il a créé des personnages vrais, une histoire cohérente et emplie d’émotions – on sent les recherches effectuées pour le côté hospitalier, sans que ça soit pompeux, le tout est bien vulgarisé. Je ne peux que vous recommander cette lecture, peu importe le genre que vous lisez. Ce roman ne touchera pas tout le monde de la même façon, cependant il est dur de rester de marbre en le lisant. Rien que le résumé m’a secoué le cœur, secoué mes tripes. Le reste de l’histoire secouera votre âme. Merci à Julien Sandrel d’avoir écrit un roman aussi simple, aussi beau, aussi touchant. Et parce que ce roman est incroyable, voici quelques extraits sublimes : — « Je me suis souvenue des belles choses. J'ai inventé les délices à venir. Je me suis élancée sans filet vers l'inconnu, j'ai ri, j'ai pleuré. Je me suis demandé quelle femme je désirais être. Ce que je voulais devenir, moi, Thelma. Quelle trace je voulais laisser sur cette planète. » — « Cette nuit-là, mon fils m'a aidée à ressusciter quelques pages de jeunesse trop vite tournées. Cette nuit-là, j'ai compris que la vie – la vraie, celle dont on se souvient – n'est rien d'autre qu'une succession de moments de grâce juvénile. Et qu'aucune ambition d'adulte ne peut rendre plus heureux qu'un carpe diem adolescent. » — « On ne vit pas chaque heure de chaque jour comme si c’était la dernière, ce serait épuisant. On vit, c’est tout. » — « Après chaque cauchemar se lève un jour nouveau. J’attendais l’aube depuis l’accident de Louis, mais je me rendais compte que je devais continuer à avancer dans la nuit, qu’il était toujours possible de se frayer un chemin, quelle que soit l’épaisseur de l’obscurité. » — « Toute cette bienveillance autour de moi, ces personnes pour lesquelles j'étais importante, c'était nouveau. J'avais réappris au cours de cette histoire la puissance de l'entourage, de ceux que l'on appelle les proches et dont s'éloigne trop souvent, trop vite. » — « Je ne reconnais plus ma mère. C'est elle, bien sûr. Mais en plus ouverte, plus gaie, plus détendue, plus drôle. Et aussi en plus sincère, plus expressive. C'est ma mère en mieux. » En bref, La chambre des merveilles de Julien Sandrel aborde des thématiques incroyables telles que la prise de décision, le temps que l'on se donne, le moment présent, la vie qu'on mène, les rêves qu'on développe ou qu'on abandonne, ainsi que l'amour des autres et de soi. Avec une protagoniste attachante, entourée de personnages intéressants, l'auteur nous permet de découvrir la vie d'une adulte avec une âme d'enfant.
4 Commentaires
Vampilou
12/8/2021 18:31:37
J'ai vu tellement de magnifiques retours sur ce roman, autant dire que le tien vient sublimement rejoindre les autres et que tu me fais forcément très envie !
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Kimysmile
13/8/2021 19:37:12
J'ai beaucoup aimé ce roman !
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